Nissa la Bella

 
A la recherche du Château disparu

Nice, comme Monaco, possède son “Rocher” dominant le port. Plus connu des Niçois sous l’appelation «Colline du Château», ce site d’une beauté remarquable attire chaque année cinq cent mille curieux. Pourtant, qu’ils ne s’avisent pas de chercher un quelconque Château … Il n’y en a plus depuis bien longtemps.

Aujourd’hui vaste parc public ombragé avec vue sur la mer… il ne reste du passé qu’un site de fouilles archéologique où reposent, épars, des tronçons de colonnes et de chapiteaux. Sur l’un d’eux, un aigle de pierre déploit ses ailes. On peut encore y lire l’inscription latine :  “Nicaea Civitas”. L’aigle, aujourd’hui encore emblême de la ville de Nice, date de l’époque où les Grecs le choisirent comme symbole de victoire, “niké” en grec.

Grecque, romaine puis livrée aux Barbares

 

L'aigle niçois … et les ruines de la cathédrale Ste Marie

Ce sont bien les Grecs qui, les premiers, choisirent le site de Nice pour y installer un port au pied du rocher. Après avoir vaincu les Ligures qui vivaient alors sur le site, ils donnèrent à leur nouvelle colonie le nom de “Nikaia”. C’était autour de l’an 300 avant JC et Nice restera grecque pendant plusieurs siècles. Plus tard, les Romains s’installèrent à Cemenelum - qui deviendra Cimiez - où ils bâtirent une véritable ville. C’est ainsi que co-existèrent deux cités, l’une grecque et l’autre romaine … jusqu’au 5ème après JC où Nikaia, dont le port est de plus en plus fréquenté, devient à son tour “cité romaine”, rebaptisée Nicaea Civitas.
Mais l’Empire Romain n’aura qu’un temps. A son effondrement en 476, Cemenelum est abandonné par ses habitants qui viennent se réfugier à Nice, sur le rocher protecteur. Suit une longue période de confusion et de ténèbres : jusqu’à la fin du 10ème siècle, Nice voit déferler Wisigoths, Vandales, Huns, Francs et autres Sarrasins. On sait peu de choses de l’époque gothique, si ce n’est que la ville, entourée de murailles protectrices, se blotissait sur le sommet de la colline.

Nice est un Comté durant 4 siècles

L’an 949 est la date de la fondation de la Maison des Comtes de Provence. Et la naissance du Comté de Nice. On construit la cathédrale Sainte Marie - celle-là même dont il reste aujourd’hui les soubassements de l’abside -  tandis que la ville connait un essor économique.  Voulant administrer eux-mêmes leur cité, commerçants et artisans créent la “commune de Nice” (1114), dirigée par des consuls, élus par le peuple assemblé en parlement. Un embryon de démocratie, déjà, en ce début du 12ème siècle. D’ailleurs, les Niçois disputeront âprement ce privilège d’une gestion autonome tout au long de leur histoire.
L’an 1176 est la date estimée de l’apparition du premier Château de Nice, construit à la demande des Comtes de Provence, qui souhaitent y séjourner de temps à autres. On ne sait quasiment rien de ce château, si ce n’est qu’il fut détruit peu après (en 1215) par les Gênois.
La plus ancienne description de Nice que nous possédons date de la fin du 12ème siécle : une petite ville de 3000 habitants, perchée sur son rocher. L’Eglise y est partout présente, avec la cathédrale Sainte Marie, oeuvre typique de l’art roman niçois, deux églises, une chapelle. Le Palais de l’évêque jouxte le cloître des chanoines. Outre le château des Comtes de Provence, on y trouve un hôpital des Pauvres et de nombreuses maisons. L’ensemble est entouré d’une enceinte percée de plusieurs portails et fortifiée de tours servant d’habitations aux familles de notables.
Au 13ème siècle, Nice s’affirmant peu à peu comme centre de commerce du drap et du sel. De caractère indépendant, les Niçois essaieront à plusieurs reprises de se soustraire à la tutelle des Comtes de Provence. Jusqu’à ce que Raymond Bérenger V rétablisse son autorité en nommant, à demeure, un viguier pour la contrôler. Il fait également  fortifier la colline, élever des remparts, creuser des fossés et bâtir des ponts-levis. A sa mort en 1245, Nice est une place forte veillant aux frontières orientales de la Provence.

Nice à la Maison de Savoie

En 1388,  Nice est rattachée à la Maison de Savoie, dont elle suivra désormais les destinées
Après une sombre époque de pestes, guerres et famines, les Ducs de Savoie entreprennent de la fortifier. La ville basse acquiert une prépondérance économique tandis que la ville haute décline, perdant ses derniers citadins au profit d’ouvrages militaires : fortifications renforcées, construction d’une robuste forteresse avec remparts, murailles, glâcis, tourelles et bastions.
Au 16ème, les fortifications sont une nouvelle fois augmentées, un puits est creusé dans l’enceinte, apportant enfin une eau abondante. Et on transfère la cathédrale Sainte Marie dans l’Eglise Sainte Réparate, située dans la ville basse.
La colline du Château, entourée d’une seconde enceinte, avec ses murailles hérissées de canons et son solide Donjon où flotte fièrement l’étendard de Savoie, rouge à croix d’argent … est maintenant une place-forte militaire capable de résister à n’importe quelle attaque. On dirait même qu’elle n’attend plus que ça.

Au milieu du 16ème siècle, François 1er, Roi de France, décide de s’emparer de Nice, dont la possession lui ouvrirait la route de l’Italie. C’est dans ce but qu’il fait alliance avec les Turcs et leur Sultan Soliman II. Les Français arrivant par la terre, les Turcs par la mer, Nice se retrouve bientôt en état de siège. Le Chevalier de Montfort, gouverneur du Château, ayant refusé de se rendre, la résistance s’organise. C’est la mobilisation générale : tous les Niçois valides, hommes et femmes, montent au Château pour “servir aux remparts” . Le 5 août 1543, la flotte turque commandée par le redoutable Barbe Rousse, débarque et bombarde la ville. Le 11, l’armée française du Duc d’Enghien traverse le Var et investit la place. Le 15, bombardement par terre, par mer et assaut … qui est repoussé.  Mais des brèches s’ouvrent dans les fortifications. Un nouvel assaut des ennemis a lieu, également repoussé. C’est là que se serait illustrée Catherine Ségurane, intrépide lavandière niçoise, qui aurait tué un Turc alors que celui-ci brandissait son étendard. Le 23, les Français pénètrent dans la ville. Mais le Château continue son opiniatre résistance. Dix jours durant, un échange de boulets s’effectue, préparant l’assaut final … qui n’aura pas lieu. En effet, on annonce l’arrivée des troupes de Charles Quint en renfort. Les Franco-Turcs s’empressent alors d’abandonner la ville … non sans l’avoir incendiée. Le Château n’a pas été pris. Fierté des Niçois, il passera longtemps pour imprenable. Jusqu’au jour où …

Louis XIV veut soumettre la ville

A la fin du 17ème, Louis XIV veut posséder ou du moins contrôler Nice, réputée alors comme l’une des villes les mieux fortifiées d’Europe. Le 27 mars 1691, l’armée française, sous les ordres du maréchal de Catinat, s’empare de la ville, qui se rend sans opposer de résistance …  Mais c’était sans compter avec le Comte de Frossasco, gouverneur du Château. Enfermé dans sa forteresse, furieux de la défection des Niçois, le Comte tire sur la ville … à titre de représailles ! Du 28 au 30, un violent bombardement accable le Château. Le 30 au soir, une détonation formidable fait trembler la terre à des lieux à la ronde et blesse plus d’un millier d’hommes … le Donjon venait de sauter, se fendant par le milieu : il renfermait un magasin de poudre.  Frossasco ne livrera que des fortifications complètement ruinées.
En 1705, après moultes péripéties, les armées françaises bombardent de nouveau Nice. Encore une fois, la ville se rend, après 25 jours de combat … mais pas le Château ni son gouverneur, Caraglio, qui tient toujours. Suit une trêve de six mois. Et c’est le Duc de Berwick qui reprend l’offensive, à la demande de Louis XIV. Le Château subit un pilonnage en règle - soixante mille boulets et huit mille bombes - avant qu’enfin, une brèche ne s’ouvre dans la muraille. Et que le gouverneur ne se rende, au matin du 4 janvier 1706.

Le Château est détruit par le Roi Soleil

Le Roi Soleil veut donner une leçon à cette ville trop fière qui lui a résisté deux fois. Il décide de la faire raser par le Duc de Berwick. Les travaux de démolition vont durer cinq mois. Enfin le 31 juillet 1706, selon les dires d’un témoin : “le Château est si entièrement détruit qu’on ne croirait jamais qu’il ait existé des fortifications mais plutôt un amoncellement de pierres. La ville est maintenant sans muraille, sans bastion et sans porte.”
En ce début du 18ème siècle, le fameux Château de Nice a cessé d’exister. Nice devra désormais renoncer à toute gloire militaire, elle devient une ville ouverte, libre de s’étendre hors de ses murs … Mais ceci est une autre histoire.

 

 
 
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